Au début de l’année 1969, une amie invite ma mère à visiter la sienne, sa mère, elle demeure à Saint-Donat. Au retour, elle nous a raconté que la mère de son amie vit avec un monsieur Hervé Ritchie. Ma mère aime beaucoup le Nord pour y être allé souvent dans sa jeunesse. Monsieur Ritchie lui offre d’acheter, à bon prix, un terrain qu'il possède au Lac Croche. Maman s’est montrée intéressée et elle lui confirme qu'elle en parlera à ses deux fils, Gilles et moi. Le prix de trois mille dollars est alléchant ! Durant la longue fin de semaine de la fête de Dollard (aujourd’hui, fête des patriotes), nous irons voir l’emplacement.

Nous décidons d’acheter Gilles et moi et de diviser le terrain : La séparation se fera avec une ligne partant du milieu du coté de terrain qui longe le chemin jusqu'au milieu du côté du terrain qui longe le lac.

Rita y passe quelques semaines l’été, avec les enfants; je vais les rejoindre les fins de semaine et pendant les vacances, sans compter un ou deux mercredis soir.

Il n’y a pas et il n’y aura pas de téléphone au chalet du moins, pas à court terme. Nous aimons l'endroit, c'est l'euphorie !

Amener l’électricité dans le chalet, faire des divisions pour la toilette, pour des chambres, construire des armoires de cuisine, solidifier le plancher qui est sur pilotis, creuser une cave, en sortir le sable à brouette, faire un solage de bloc de ciment pour y asseoir le chalet, agrandir pour avoir un salon, couler du mortier solidifié de barres de métal pour bétonner le plancher du sous-sol… Voilà où j’en étais lorsque j’ai rencontré France.

Vidé de ses très vieux meubles… les chambres, la cuisine, le salon peints, l’extérieur du chalet teint, le téléphone installé, France voulait que ses filles puissent entrer en contact avec elle, pas question d’être deux ou trois jours sans nouvelles. Elles n’appelaient pas mais France était rassurée… Nous étions prêts à accueillir des invités lors de belles fins de semaine de l’été.

Ces rencontres sont de loin mes meilleurs souvenirs. L’été, un spaghetti communautaire alors que chaque couple mêle sa sauce dans un grand chaudron nous permet le meilleur « spaghetti au bord de l’eau », nous échangeons sur plusieurs sujets et nous fêtons ensemble jusqu’à tard la nuit. Les tentes se multiplient sur le terrain, des couples arrivent le vendredi midi et nous sommes ensemble jusqu’au dimanche soir.

Durant tous ces étés passés au lac Croche avec France, je me suis permis de devenir maçon, de monter quelques murs en pierre des champs. D’abord, la cheminée originale pour le foyer de la cave. En premier la base de ciment, puis un rang par jour en espérant monter droit en utilisant mon niveau de trois pieds et mon contremaitre (France), en bas, qui m’observe et me donne ses commentaires : « Sors un peu plus… un peu plus ». La structure s’est terminée avec une forme quelque peu en cône.

1993

La famille fête les 50 ans de Raymond…

et sa retraite !

Terminer l’intérieur a pris plusieurs années, mettre des planches au plafond du salon, sur les murs, prendre les mesures à l’échelle, descendre couper au sous-sol, remonter et fixer la planche et recommencer du matin au soir, deux étages séparent le plafond de la scie au sous-sol pour chacune des planches posées. Puis la finition ne serait pas complète sans ajouter une fenêtre en saillie sur une façade, côté lac. Pour nous, la façade, c’est le lac et ça ne se discute pas.

Sylvie aime ramasser des petits bleuets et au mois d’août 1998, elle est venue se rappeller de bons souvenirs d’antan. Cueillir et faire un cipaille (six pâtes) aux bleuets, comme maman les faisait, ça c’est la vraie vie !

France a pris une retraite précipitée à la fin d’août 1999. Nous avons décidé de ne garder qu’un des deux endroits, nous nous installerons au lac Croche.  À notre grande surprise, la maison de Greenfield Park se vend aussitôt qu’elle est affichée sur le marché. Nous devons quitter pour le premier juillet 2000, bien avant que le chantier de nos rénovations soit terminé. Un voisin à Saint-Donat, Gustave Robert, accepte de mettre des meubles dans sa grange mal fermée, advienne que pourra, c’est ce que nous ferons. Nous avons vécu pendant un an avec deux bureaux, un par-dessus l’autre, deux ensembles de matelas, l’un au-dessus de l’autre dans notre chambre d’environ 8 pieds par 8 pieds et d’autres meubles entassés un peu partout.

La météo se joint à France pour me faire accélérer les travaux; la journée où nous n’avons plus le choix nous arrachons l’ancien toit de l’agrandissement, le temps est incertain, nous attachons plusieurs toiles sur le toit pour la nuit, mais vu l’ampleur des orages durant la nuit, je me réveille en pleine nuit, certaines toiles n’ont pas tenu et celles qui ont tenu forment des gouttières pour verser l’eau à l’intérieur. Je dors à peine cette nuit-là pour ramasser l’eau et au matin et continuer les travaux pour terminer le nouveau toit au plus vite.

Le puits dans le sous-sol du chalet suffit à peine. Nous devons en creuser un qui fournira à la consommation maintenant que laveuse à linge, laveuse à vaisselle, douches et autres besoins seront utilisés constamment, au quotidien, été comme hiver.

Les côtés tombaient dans le trou creusé à cause de la terre friable. On a pensé ne jamais parvenir à poser les tuyaux de ciment qui font le puits. C’est à tout risque qu’ils ont été mis en place et nous avons terminé à cuillère (à chaudière) le vidage du trop-plein de sable dans le fonds du puits.

En plus d’avoir construit deux cheminées de pierre, quand arrive le moment d’installer une pompe en bas de la côte pour fournir la belle cascade, imaginée par France, creusée surtout par de nouveaux amis d’Isabelle à chaque fin de semaine de l’été 2003, je dois penser un projet. Isabelle qui était à la recherche d’un Grand Amour, amenait de nouveaux chums d’une semaine à l’autre. Nous pensions que la tâche leur était trop ingrate, elle devait s’en trouver un nouveau pour la fin de semaine suivante. C’est un beau souvenir

La première pelletée de la cascade a été creusée à l’été 2003, en même temps que prenait forme, en pierre, la structure gardant la pompe à l’abri. C’est en 2004 que les deux projets se concrétisent véritablement, le projet est devenu « une tour » à côté de la cascade. Mon ami retraité d’IBM, Guy a grandement participé à embellir l’ensemble. À l’hiver 2004, dans son sous-sol il a construit le pont à la courbe de la chaînette. La chaînette est la seule courbe dont le rayon de courbure est égal à la normale.

La tour devient un moulin à vent quand j’y incorpore un essieu dans le faîte et que Guy fabrique des pales pour le moulin encore une fois dans son sous-sol à l’hiver suivant et que nous les installons de peine et de misère à l’été de 2005

En 2007, nous décidons d’ajouter une grande véranda dans le but de profiter du soleil toute la journée. J’engage un ami, Pierre Lafleur, pour m’aider.  Nous travaillons mieux à deux. Quand vient le temps de faire la structure du toit, je me rends compte que Pierre n’aime pas travailler dans les hauteurs. Mais je peux aisément être sur le toit pour donner les mesures, lui coupe, moi j’installe.

Une amie de France, Hélène lui offre de peindre le plancher avec des pochoirs pour rester dans le thème de la nature.

 

Ce sera le dernier projet de travaux effectués au lac Croche. Sans savoir que bientôt nous quitterons les lieux, nous passerons à autre chose.

À l’hiver 2008 France pense à me quitter. Elle retournera travailler seule, à Montréal. Le travail à faire ne peut pas attendre. La tâche doit s’exécuter au fur et à mesure et non pas être remise au lendemain !

Ce n’est pas tout à fait ce que je veux ! Alors ensemble, pour ne pas jeter d’huile sur le feu, nous irons consulter.

À la suite de quelques rencontres avec le thérapeute, nous allons prendre un café au restaurant. Je lui demande d’accepter un compromis… un déménagement au village.

La neige qui tombe m’horripile ! L’entretien du terrain et de la maison, été comme hiver, est une trop lourde charge. Ça m’exige plus d’efforts que ce que je suis prêt à faire.

Elle accepte … le déménagement m’aura donné raison : notre relation s’améliore de plus en plus. C’est le début d’un temps nouveau, le jour « Un ».


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France Raymond

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